"La chapelle de Cigogne est le reste d’un ancien monastère tenu par des moines dépendant de l’abbaye de Surgères. C’est pour cette raison que l’on vénérait de façon toute particulière saint Gilles, patron des moines, puis saint Guinefort, qui fut chevalier. De tout le Marais et de toute la plaine, on accourait pour demander la guérison des enfants malingres. Les suppliants allumaient trois cierges devant le tableau représentant les deux saints aux pieds du Christ en croix. Le premier cierge éteint donnait le diagnostic : devant le Christ, c’était la mort ; devant saint Gilles, c’était la durée du mal ; devant saint Guinefort, c’était la guérison. Ces croyances populaires étaient tombées, depuis longtemps, en désuétude. La chapelle de Cigogne, enserrée entre des étables et une bergerie, était ignorée. Une ancienne propriétaire y avait cependant placé une antique statue de la Vierge Marie. Elle fut découverte par Monsieur l’abbé Raud, curé de Saint-Jean-de-Liversay, lors de ses visites. Sa dévotion à la Sainte Vierge le poussa à restaurer l’antique pèlerinage, mais cette fois sous le vocable de Marie, Reine de la Plaine et du Marais. Les propriétaires de "l’île de Cigogne", Messieurs Roulet et Coireau des Loges, consentirent volontiers à restaurer la chapelle et à accueillir, chaque année, le dimanche dans l’Octave de l’Assomption, le pèlerinage. C’est une tradition maintenant établie et cette année, la foule de pèlerins fut plus dense que jamais. La journée fut présidée par Monseigneur Viaud, vicaire général qui, à la fin des offices, tira des conclusions de cette fête. Le nouveau doyen de Courçon, M. l'abbé Guérande, fut le prédicateur et le célébrant de la messe en plein air. M. l'abbé Raud, devenu aumônier diocésain du Mouvement des Foyers Ruraux, avait repris pour quelques jours la charge de curé de Saint-Jean et dirigeait la prière. L’après-midi, le clergé se grossit de messieurs le curé de l’Ile-d'Elle, l’aumônier du monastère, M. le doyen de Marans et M. le curé du Gué-d’Alleré. Après le sermon, la procession se déroula autour de l’île et fut suivie du salut du Saint-Sacrement. Dans la chapelle, délicatement ornée de guirlandes de glycine, les cierges brûlent devant la statue de Marie. Ce 21 août 1949 a été une journée de piété."